# 10: Diary of a Madman/A Madman’s Diary (狂人日記) – Lu Xun

A Madman's Diary

A Madman’s Diary

I- Ça parle de quoi?

Puisque c’est un journal, le narrateur, dont le nom reste inconnu, nous relate des faits qui lui arrivent. Le dit journal est en fait lu par un autre narrateur (l’auteur) qui en a fait la découverte chez le frère du narrateur. Le narrateur, donc, est frappé de trouble paranoïaque, et pense que les gens qui l’entourent sont des cannibales, qui ne souhaitent que le dévorer. Il en vient à accuser son propre frère, son médecin, etc.

II- Le personnage principal

Le personnage principal reste relativement mystérieux. De son nom nous ne savons rien, il a un frère aîné, et il a aussi eu une sœur cadette, décédée lorsqu’elle était très jeune. Frappé de paranoïa  ou plutôt d’un « complexe de persécution », l’homme perd pied dans la réalité, et imagine que toute la société est cannibale. Il n’a pas conscience de sa folie, et ne supporte pas que les autres laissent sous-entendre qu’il est fou. Malgré son affliction, il écrit régulièrement dans son journal, qui permet de voir l’évolution de sa maladie. L’introduction par l’auteur nous mentionne que le malade a retrouvé la raison par la suite, et a continué sa vie de façon «normale».

III- T’en penses quoi?

Je n’ai pas su quoi penser à la première lecture. C’est tellement court que l’on n’a pas le temps de s’attacher au personnage, ni de voir les subtilités. C’est donc un texte qui mérite une seconde approche. Par ailleurs, une fois n’est pas coutume, puisque que mon mandarin est un peu rouillé (lire: inexistant), j’ai lu la traduction en anglais. De cette traduction, j’ai pensé que le style employé recréait très bien la folie, dans le sens où l’écriture semblait fébrile, exaltée, et rapide grâce aux phrases courtes. On voit l’homme sombrer à mesure que l’on lit le texte. Toutefois, il est dit dans l’introduction que l’homme a recouvré la santé, mais la dernière phrase du texte ne nous laisse rien penser de tel.

Là ça devient intéressant, car l’on sait que le narrateur accuse la société qui l’entoure de cannibalisme et a très peur que ses pairs veulent le dévorer. Son frère ne représente même plus une personne de confiance. On vient à douter de la parole du frère, le narrateur est-il vraiment parti de la maison pour trouver un emploi, ou bien a-t-il fini dévoré comme il le craignait? L’idée s’infiltre subtilement, et c’est le talent de l’auteur, Lu Xun, de construire une forme de suspense.

Quant au thème de la folie et du cannibalisme, même sans contexte historique, on comprend rapidement qu’il s’agit d’une métaphore de l’attitude du gouvernement chinois et de la société en général, qui essayent de «dévorer» les gens, de leur laver le cerveau afin de les intégrer. Chaque individu est digéré dans le ventre de la communauté, pour ne devenir qu’un nutriment utile à la survie de celle-ci, mais ne possédant pas de personnalité propre.

Le fait de réussir à faire passer un tel message en si peu de pages, et de façon détournée relève du tour de force. En ce qui concerne  mon appréciation du texte, je reste intriguée, et incapable de répondre. Il semblerait que le style soit plus intéressant que le texte en lui-même, mais je suis biaisée par le fait qu’il s’agisse d’une traduction.

IV- Un petit extrait…

On comprendra qu’une nouvelle ne permet pas de mettre des extraits longs, pour ne pas ruiner le plaisir. Toutefois voici, selon moi, l’apogée de l’accès de folie du narrateur:

« My brother chose this moment to show his true, unrepentant colours.

‘Clear off!’ he roared ferociously at them. ‘Where’s the fun in gawping at a madman!’

Another of their ingenious devices: to discredit me as insane. The plot was too well laid; they would never change. And when the moment arrived for me to be eaten, there would be not a murmur of opposition, only sympathy for my butchers. »

V- Et si on n’aime pas lire?

Ce sera difficile, car il n’y a pas d’adaptation à proprement parlé. Lu Xun s’est inspiré du récit de Nikolaï Gogol (The Diary of a Madman), qui traite aussi de la  folie. De ce fait, voir une adaptation de ce récit peut vous donner un aperçu de la nouvelle de Lu Xun. Un peu capillotracté, je vous l’accorde.

De plus, si vous cherchez le titre en anglais, vous allez trouver un film qui porte ce nom, mais qui est une adaptation (et la traduction) d’un autre récit, Le Horla de Guy de Maupassant. Avec tout ça, la folie guette également le lecteur…

VI- Anecdotes

Lu Xun a donné son nom à un prix littéraire en Chine, mais aussi à un astéroïde qui porte le doux nom de (233547) Luxun 2007 JR27, ainsi qu’à un cratère de Mercure.

Et Diary of a Madman est aussi le nom d’un album d’Ozzy Osbourne…

Exceptionnellement, voici le lien vers le texte original en mandarin (site de Project Gutenberg, livres en libre accès): http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=774105

Pour vous le procurer, suivez le lien:

http://www.leslibraires.ca/livre-affiliation/nouvelles-poemes-prose-xun-9782728805143.html/dcb412a979b36cbcb306de9ce9d09da041ddf1cf526644a53231ebfdf47e4964c1e675e4e4d5654f5df09628294c71884cd9c5391de225ce66a9aec250124fa7/?type=fiche&configuration=1&u=41612

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